Nous vous présentons aujourd’hui Lucien Emery, jeune photographe de 22 ans provenant de Morges. Il a concocté un travail spécialement pour le Garage avec comme thème imposé ‘’Le Futur’’. Le Freezer du temps nous fait part dans cet article de ses inspirations pointues qui vont de Fritz Lang à Sim Ouch, de son rapport à l’environnement qui l’entoure ainsi que son processus créatif. Suivez-le sur son Tumblr et son IG pour rester au Jus de ses derniers projets.

Présentation

Je m’appelle Lucien Emery, j’ai commencé la photographie il y a 4 ans lors d’un voyage au Japon et je n’ai pas arrêté depuis. J’avais, à ce moment, été frappé par le fort contraste entre traditions et modernité dans ce pays et j’avais tenté de le souligner en utilisant la photographie comme support. Aujourd’hui le sujet principal de mon travail est le rapport entre ville, architecture et histoire contemporaine afin de chercher à comprendre comment l’homme impacte son environnement et est impacté par lui. Parmi mes inspirations se trouvent divers films de science-fiction à l’instar de Metropolis réalisé par Fritz Lang en 1923 ou encore Blade Runner de Ridley Scott (1984) de par leur façon d’envisager des mégalopoles futuristes, chacun dans leur contexte historique.

J’apprécie également faire des portraits dans une perspective de réalisme social, cherchant à montrer la vie sans filtre, l’être humain dans ses moments de relâchement. En la matière mes goûts vont des grands photographes tels que Martin Parr ou Cartier Bresson jusqu’à des artistes plutôt issus d’une contre-culture comme Aizawa Yoshikazu, ou si possible, dans un contexte local, tel que Sim Ouch, le photographe lausannois aux mises en scènes subtiles.

 

Mon processus créatif est intimement lié à ma perception de mon environnement. D’aucuns cherchent à créer de A à Z leurs images avec un travail préalable sur leur sujet, j’ai plutôt tendance à considérer que mes photos existent déjà et que mon rôle se résume à les trouver. Ainsi, j’arpente les villes, les boulevards, les rues, les ruelles à leur recherche. Ma façon préférée de voyager consiste à chercher à me perdre et d’errer en oubliant toute notion du temps, toujours accompagné d’un appareil photo, comme un chasseur ivre à la recherche de gibier.

Je me considère donc comme un photographe urbain et j’apprécie particulièrement la belle architecture et les architectes connus mais également l’architecture brutaliste (un courant architectural très en vogue dans les années 60, des bâtiments à l’apparence violente et réalisés en béton brut) ainsi que les constructions laissées à l’état de ruine. En ce qui concerne ces dernières j’ai beaucoup de plaisir à les visiter et à les explorer même si cela implique parfois des repérages préalables, souvent un peu d’escalade pour pénétrer dans leurs enceintes et parfois des rencontres déplaisantes avec les autorités.

 

En ce qui concerne la technique, j’utilise un appareil photo reflex Nikon moyen format à capteur APS-C ainsi qu’un Fujifilm X30 plus compact et plus aisé à transporter. Il m’arrive parfois aussi de faire de la photographie argentique à l’aide de vieux appareils afin de d’obtenir un résultat nostalgique et indescriptible, propre aux pellicules 35mm avec comme inconvénients majeurs le prix élevé et l’aspect peu pratique.

Sur la première photo de la série,  j’ai utilisé un fish-eye 12mm monté sur mon Nikon, c’est la seule photo avec un résultat potable que j’ai réussi à obtenir avec ce fish-eye, le problème étant, pour quelqu’un comme moi qui apprécie les formes géométriques, que plus l’angle de l’objectif est grand, plus les lignes deviennent des courbes et les angles sont déformés.

 

Une des images qui m’a le plus marqué est la célèbre photo du Falling Man, cet homme désespéré qui saute du World Trade Center pour échapper aux incendies des tours jumelles le 11 septembre 2001. De cette photo se dégage une énorme violence tout en laissant une impression de profonde sérénité. On y trouve donc un contraste énorme mais il s’agit également d’un moment où l’histoire s’est écrite, sous les yeux médusés de toute la planète.

Mon prochain projet photographique est sans doute le plus ambitieux que j’aie pour l’instant préparé. Après de longs mois à effectuer mon service militaire je vais pouvoir remettre en fonction ma fidèle machine à images. Il s’agira d’un long voyage aux confins de la Sibérie hivernale et j’espère avoir la chance de pouvoir vous en parler à travers le formidable Garage.love

De l’amour,

Lucien Emery (@lysergique)