C’est par un concours de circonstances que nous avons eu le plaisir de croiser le chemin de Charlotte, artiste peintre mais pas seulement. Résidant entre Lausanne et Genève durant ses études, elle vit désormais à Zurich pour son travail et nous fait part, dans cet article, de son parcours artistique, de ses influences et de son art en général. Graphiste, peintre, collectionneuse, Charlotte compile les facettes artistiques qui donnent à son travail une esthétique unique dont elle nous dévoile les secrets.

J’ai toujours été fascinée par la peinture. Quand j’étais petite, mon père m’emmenait dans beaucoup d’expositions mais j’ai surtout été marquée par celle de Kandinsky à la fondation Giannada en 2001 je crois. C’était la première fois que je voyais des peintures abstraites et j’ai simplement été émerveillée et fascinée. Au plus loin que me je souvienne, j’ai toujours fait de la peinture et du dessin, pour mes parents quand j’étais petite et ensuite pour moi-même.

J’ai décidé, quand j’étais encore jeune, de partir faire mon baccalauréat loin de chez moi pour intégrer une option histoire de l’art. J’ai appris beaucoup à ce moment-là, on voyait beaucoup de choses, autant en art qu’en design ou en architecture. J’ai même voulu être architecte à un moment donné.

Ensuite, j’ai postulé dans beaucoup d’écoles mais j’avais vraiment envie d’aller en Suisse. C’est à ce moment-là que je suis entrée à la Head. J’ai d’abord commencé en option sculpture installation pour essayer quelque chose de nouveau, mais en deuxième année je me suis rendue compte que la peinture me manquait. J’ai donc décidé d’orienter mon diplôme sur la peinture et avec ça j’ai aussi créé une édition. Ensuite, j’ai continué avec un master à l’ECAL, que j’ai obtenu en 2017.

En parallèle à la peinture, j’ai commencé à faire pas mal de vidéos, surtout pendant mon master, et ensuite pour des événements à Lausanne. C’était surtout pour m’amuser au début mais je me suis rendue compte que c’est ce que j’aimais faire, au-delà de la peinture. J’ai fait des visuels et vidéos pour des soirées, c’était super de collaborer avec des artistes et de développer des idées à partir d’un thème mis en place. J’aime travailler les images avec n’importe quel médium; ce qui m’importe, c’est l’esthétique qui en découlent. Grâce à cela, aujourd’hui, j’ai trouvé un poste de graphiste pour une marque de running suisse à Zurich.

Pour moi, la création en général c’est surtout un plaisir plutôt qu’un travail, une passion qui me tient à cœur car elle m’apporte de la satisfaction. J’aime partager mes idées, mes inspirations et développer tout ça avec d’autres artistes.

Depuis que j’étais petite, j’ai toujours été fascinée par les mangas (Evangelion, Berserk…), j’en regardais avec ma mère en rentrant de l’école. J’ai toujours été impressionnée par cette esthétique et le fait que c’était différent de ce que j’avais l’habitude de voir. J’ai toujours continué à en regarder et à découvrir de nouveaux univers qui m’ont alors influencé dans ma pratique artistique. C’est ce qui a le plus influencé ma peinture, je pense. Ça fait partie de mon enfance, c’est une influence visuelle directe au final. De plus, les histoires qui en découle sont fascinantes.

Ma démarche est d’abord purement visuelle. Je pars d’images, de screenshots de mangas ou de films, d’images que je trouve et j’archive le tout. L’important c’est que ces images m’apportent de la satisfaction, un moment, même, de méditation.  J’ai une bibliothèque d’images de 5000 photos je pense. C’est une source qui m’aide et qui maintient ma créativité.

J’ai toujours été fascinée par l’eau, les reflets et l’abstraction qui en découlent. C’est pour moi une sorte de méditation dans laquelle on peut créer ses propres images.

Je n’ai pas vraiment de méthode de travail, je ne me force pas à travailler. C’est un peu quand je sens que c’est le moment, que je pense à quelque chose depuis quelques temps que je commence à travailler dessus.

Au final, internet est ma meilleure influence. Sans internet, je n’aurais peut-être jamais connu certains artistes et le streaming des mangas.

Je ne pense pas que je cherche à critiquer certaines choses. J’essaie juste de montrer quelque chose, d’être honnête et de partager.

J’ai vraiment très peu confiance en moi et en mon travail. Du coup, c’est un rapport compliqué, surtout quand il s’agit de montrer quelque chose. J’ai beaucoup travaillé autour du doute et de la manière dont on parle de son travail, la manière dont on accepte ce qu’on fait.

Il existe forcément un lien entre mes expériences, mes rencontres et mes voyages et ce que je produis. C’est au final une manière plus simple d’exprimer mes émotions, surtout au travers de la peinture.

Aujourd’hui, je me tourne plus vers le graphisme. C’est pour moi un bon moyen d’être créative et d’avoir un travail qui me plaît. C’est vrai qu’il est assez difficile de vivre de ses productions, surtout quand il s’agit de peinture.